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Vision Deck : repenser l'éducation sur internet

Aujourd’hui, Hugo s’essaye à un format différent. Pour vous présenter les possibilités du Vision Deck, il développe sa pensée en s’aidant des cartes qu’il préfère dans le jeu : “Apocalypse Cognitive”, “Nouvelles éducations”, “Économie du contenu” et “Quand le travail devient passion”.

Bonne lecture !

Près des yeux, près du cœur

Mes yeux sont trop abîmés pour quelqu’un de mon âge. Les responsables : des écrans omniprésents autour de moi. Les choses ne s’arrangeront pas avec le temps. Je peux diminuer le temps passé mais je ne pourrai pas le supprimer, pour une raison simple : Mon travail et mes passions sont (presque) entièrement digitalisés.

Ce problème, la plupart des “millennials” y sont confrontés. Entraînant un fléau tout aussi impactant que la baisse de la vue : la chute de notre concentration. À bien des égards, les écrans sont moins problématiques que les monstres digitaux qu’ils permettent de faire vivre : Algorithmes, notifications, formats courts, et autres usines à dopamines qui nous rongent sans cesse l’esprit.

Pour moi, les “uniques” moments de répits sont mes semaines de cours. J’y vais “seulement” avec une tablette, oubliant la prise de notes pour quitter les yeux de mes spots lumineux portables et me concentrer sur les propos de l’intervenant.

Mais une fois ma semaine d’école terminée, retour à la case départ.

Homme devant un écran

Le gouffre sans fond

D’autant plus que ma soif d’apprendre n’est pas comblée par les heures de cours à ma disposition. Me voilà donc, chaque soir, sur Youtube afin de me divertir tout en apprenant tout et n’importe quoi dans l’espoir de m’en resservir un jour.

Voilà, peut-être, le plus gros de mes problèmes. La sur-exposition aux écrans n’est pas perçue comme problématique pour une grande partie de mon cerveau, très heureux de recevoir des éclaboussures de couleurs, de sons et de nouvelles informations. Manière poétique de dire que je suis accro au contenu. Et plus j’en bouffe, plus j’en redemande. C’est un cercle vicieux.

Comme si ce n’était pas suffisant, de nouveaux créateurs émergent chaque jour. Animés par une volonté de “faire de leur passion un métier”, ils participent à cette sur-production perpétuelle de contenus. Et à ma consommation, de facto. Mais bon, je ne peux pas les critiquer. Malgré toutes les excuses que je peux me trouver, je les comprends. Moi le premier, je participe à cette sur-production dans le but de lier passion et rémunération. Ce texte en est, quelque part, un bon exemple.

Reprenons les cartes en main :

Ce qui est rassurant, c’est que je ne suis pas le seul à être exposé à ces différents enjeux. Alors pour y voir plus clair, je suis parti en exploration à l’aide du Vision Deck pour aborder une vision plus globale du sujet.

J’ai retenu 4 cartes qui mentionnent les problématiques que j’ai pu identifier en me basant sur ma propre expérience. Les voici :

4 cartes du Vision Deck

Quand le travail devient passion :

Malgré les difficultés actuelles liées au monde du travail, certains ont la chance de pouvoir concilier travail et passion en la même activité. C’est l’occasion pour ces “chanceux” de s'investir à 100% dans leurs projets. Mais, attention aux burn-out qui peuvent surprendre, même pour des passionnés.

→ Le “travail passion” est un phénomène qui pousse les concernés à toujours vouloir en apprendre plus. Certains dans un objectif de productivité, les autres par simple plaisir d’étendre leurs connaissances sur ce sujet qu’ils apprécient. Puisque le rapport au travail change, la frontière entre progresser et se faire plaisir disparaît.

Nouvelles éducations :

L’époque industrielle est dépassée. Le modèle d’école qui en découle tend à le devenir de plus en plus. Avec internet, les nouvelles façons d’apprendre sont légion et viennent pallier ce problème en s’adaptant au profil de chacun. Notamment depuis le covid, qui nous a forcés à repenser massivement l'instruction.

→ Ces nouvelles éducations permettent, parfois, d’accéder à ces “métiers passion”. Si l’on souhaite travailler dans le marketing aujourd’hui, faire une école de commerce n’est plus la seule option. Il existe des dizaines d’alternatives allant des écoles en ligne jusqu’aux contenus gratuits sur internet.

Économie du contenu :

L’essor des réseaux sociaux à faire naître un nouveau métier passion : créateur de contenu. Ce sont eux qui remplacent les influenceurs des années 2010.

En 2023, créer du contenu, engager et fidéliser une communauté est devenu une profession comme une autre. En monnayant leur travail grâce à des placements de produits, des dons ou de la vente de merchandising et de services, les créateurs s’installent durablement dans le paysage culturel. En venant concurrencer les acteurs historiques du divertissement, ils changent profondément l’économie moderne.

→ L’économie du contenu est intimement liée aux deux tendances évoquées précédemment. Aujourd’hui, “n’importe qui” peut se former sur internet, partager ses connaissances et faire de cette passion un métier. Cela explique l’essor phénoménal de “l’influence marketing”, à la fois pour le grand public et pour le domaine B2B. Tout le monde souhaite devenir son propre média, et en faire son gagne-pain.

mrbeast

Apocalypse Cognitive :

Notre cerveau est vieux de plusieurs centaines de milliers d’années. Il s’adapte bien moins vite que notre société évolue. Résultat : notre cerveau n’est littéralement pas conçu pour gérer les millions (si ce n’est les milliards) de stimulis que nous recevons chaque jour.

→ Sur internet, le nombre de données a été multiplié par 32 en 10 ans. Ce qui représente 73 millions de gigaoctets. Et là, on ne parle que d’internet (et des créateurs de contenu) mais pas de toute la publicité, des sollicitations physiques, etc...

Alors quoi ?

Le monde évolue, et nous tentons tant bien que mal d’évoluer avec lui. Et dans une époque où le travail est autant remis en question, la volonté de lier passions et métiers est tentante. Sauf que les problématiques sont multiples : comment se former à des métiers que l’on n’apprend pas à l’école (entrepreneur, créateur de contenu, growth hacker) ? Comment lutter contre cette infobésité généralisée qui nous fait disjoncter le cerveau ? Quel rôle jouent les créateurs de contenu dans l’éducation de demain ?

Grâce au Vision Deck, j’ai pu identifier ces problématiques.

Et toujours grâce au Vision Deck, j’ai pu générer des solutions. Les voici :

Les nouveaux enjeux de l'éducation en ligne

Bonne nouvelle : il me reste encore quelques neurones actifs. La guerre cognitive n’a pas tout dévasté. Je peux donc partager les enjeux que j’ai pu identifier pour une meilleure éducation en ligne.

1/ Moins mais mieux :

Surtout quand il s’agit d’apprendre, cette règle est primordiale. Avec tous les créateurs, les contenus, les formations et les idées qui circulent sur internet, la vraie difficulté n’est pas de tout consommer mais de ne (presque) rien consommer. Faire le choix conscient et restreint de ne garder que les meilleurs.

Et au passage, se battre contre notre ami le FOMO. Car non, tout apprendre n'a aucune valeur. Au contraire, cela vient diluer notre attention. Donc les derniers "hacks" à la mode pour faire du dropshipping et du MLM ne

D'ailleurs, un bon indicateur de la qualité d'une information est l'effet Lindy. Il dit, pour faire simple, qu'une information valable depuis 1000 ans le sera probablement encore pendant 1000 ans. Comme on dit, c'est dans les vieux pots qu'on fait la meilleure soupe.

2/ La démocratisation des formateurs en ligne :

Je n’ai jamais acheté une seule formation. Pourtant je reconnais que (malgré la mauvaise presse qu’on peut lui faire), la formation est une très bonne idée selon moi. Selon les profils, c'est même parfois une meilleure manière d'apprendre que dans une salle de classe. Quant à l’objection que l’on entend souvent : “je ne vais pas payer alors que tout est gratuit sur internet”, j’aimerais y apporter une nuance :

Oui, tout est gratuit sur internet. Mais le contenu de qualité, réalisé par un passionné, dont les sources ont été vérifiées, dans lequel je ne consomme que l’essentiel et où j’économise le temps de recherche, de structuration, de production et de synthèse, mérite selon d’être payant. Sans aucun doute.

3/ La nouvelle vague de “l’édu-divertissement”

Si les formateurs vous rebutent et que vous ne voulez pas vous inscrire dans une école en ligne comme Coursera ou Openclassroom, il existe une nouvelle solution. Elle se trouve chez certains créateurs de contenu ou via des plateformes comme masterclass.com (qui se positionne comme le Netflix de l’apprentissage dispensé par les meilleurs experts dans leur domaine). L’idée : faire du divertissement un moment utile et pédagogique. Entre-autre, mêler l’utile à l’agréable. Ici, l'idée n'est pas d'optimiser l'apprentissage mais plutôt de le rendre ludique. D'ailleurs, je suis persuadé que les effets composés s'appliquent à l'apprentissage. Alors même en assimilant qu'une seule nouvelle information par jour (au détour d'une vidéo "édu-divertissante) alors les résultats finiront par devenir exponentiels.

Quelles pistes pour la suite ?

Quoi qu’il en soit, tout ce savoir accessible et l’explosion des travailleurs de la connaissance vont devoir se faire une place dans un monde dominé par l’overdose constante d’informations. Ces nouveaux enjeux donneront sûrement de belles innovations tournées vers la pédagogie, la liaison entre les différents domaines et la dimension collaborative du savoir.

Tout ça, bien évidemment, en parallèle de tous les questionnements éthiques, anthropologiques et philosophiques de notre condition d’humains face à l’émergence d’intelligences artificielles. Est-ce que les machines deviendront nos professeurs ? Ou alors arrêterons-nous tout simplement d'apprendre ?

Selon moi, le plus grand danger n’est pas que les IA nous remplacent. Plutôt qu'elles contribuent à décupler notre surcharge cognitive jusqu'à ce que ce soit nous qui ayons besoin d'être débranchés.

Homme robot

L'apport du Vision Deck :

Le monde est complexe et l’énergie nécessaire pour le comprendre est coûteuse. Grâce au Vision Deck, poser un constat concret sur la société et ses enjeux ne prend que quelques minutes. Le temps et l’énergie économisés permettent de se pencher plus amplement sur les réponses que nous pouvons adopter face à ces changements. C’est la grande force de ce jeu.

Et si j’ai décidé de faire cet exercice seul, je sais pertinemment que le Vision Deck est encore plus efficace pour créer de l’échange au sein d’une équipe et aider à se mettre d’accord sur une vision commune.

Pour découvrir les autres cartes du Vision Deck, vous pouvez vous rendre ici.

(PS : toutes les images d'illustration ont été générées par intelligence artificielle)